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la formation
Pour devenir 'nageur sauveteur côtier' en France, vous devez obtenir les diplômes de secourisme suivants : le PSE1 (pour les Premiers Secours en Équipe de niveau 1) et le PSE 2 (pour les Premiers Secours en Équipe de niveau 2).
Ces deux diplômes sont indispensables pour passer ensuite l'examen du BNSSA (Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique) et accéder à la formation de SSAL (Surveillance et Sauvetage Aquatique - option Littoral -).
Ces formalités acquises, vous pourrez enfin passer l'examen délivrant la certification de 'nageur sauveteur côtier'. Cet examen évalue vos connaissances en sauvetage en mer, vos compétences en natation et en secourisme, ainsi que votre aptitude physique.
où suivre ce cursus ?
Toutes ces formations sont - et doivent être - dispensées par des organismes habilités ou des associations agréées comme la Croix-Rouge française, la FFSS (Fédération Française de Sauvetage et Secourisme) ou encore la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer).
À noter que ces formations sont payantes. Compter un budget aux allentours de 1000€ pour l'obtention du PSE1 + PSE2 + BNSSA. En outre, pour garantir et certifier de votre aptitude physique et opérationnelle, vous devez repasser tous les ans les examens (payants eux-aussi) renouvelant la validité de vos PSE1 et PSE2. Le BNSSA, lui est à repasser tous les 5 ans.
Il existe cependant des dispositifs d'aide financière à la prise en charge de ces formations. Sur ce sujet, renseignez-vous auprès de votre centre de formation.
prérequis
Outre une bonne condition physique, une réelle aptitude à la natation et un certificat médical en cours de validité (test visuel et d'effort), vous devez avoir 16 ans minimum avant l’entrée en formation PSE1 / PSE2 et 17 ans pour passer l'examen BNSSA.
nature des examens
Les examens valident les différents acquis développés en formation. Ils comprennent des épreuves pratiques de sauvetage aquatique réalisées en bassin de natation, dans un temps imparti (longueurs chronométrées, plongées en apnée pour récupérer un mannequin,...), des épreuves pratiques de secours à une personne en difficulté en milieu aquatique et enfin une épreuve écrite sous forme de questionnaire à choix multiple (QCM) qui permet de juger les connaissances du / de la candidat·e dans les domaines réglementaires (réglementation nautique, organisation des secours, ...) et théoriques (analyses des conditions maritimes et météorlogiques, ...).
où trouver un job ?
Ce sont les maires des stations balnéaires qui emploient généralement les sauveteurs pour la surveillance de leurs plages. Toutefois, selon les communes, ils peuvent également s'adresser auprès des organismes de formation cités précédemment pour leurs recrutements..
# métier # nageur-sauveteur-côtier
guillaume
1m95, nageur-sauveteur-côtier
à Anglet (Pyrénées-Atlantiques)
Guillaume mesure 1m95, a 32 ans au moment où nous écrivons cet article, et est Nageur-Sauveteur-Côtier sur la côte basque.
Notre rencontre, fortuite, s'est produite en DM sur Instagram. Guillaume, que nous ne connaissions pas, est - magie des réseaux sociaux - l'un de nos premiers followers ! Une visite de son profil, nous a permis de découvrir son expérience pro, en saison estivale.
1MÊTRE90 le remercie d'avoir accepté avec enthousiasme de répondre à nos questions.
Puisse cet entretien, vous permettre de découvrir davantage cette profession, de casser vos a priori sur votre grande taille et, qui sait, créer chez vous une vocation ?!
Guillaume, comment as-tu eu
connaissance du métier de Nageur Sauveteur Côtier et pour quelles
raisons l'exerces-tu depuis
plusieurs saisons ?
Guillaume : « Après le Bac, j'ai fait mes études au STAPS de Bordeaux en spécialité management du sport événementiel et marketing. Là-bas, je me suis lié d'amitié avec des gars de Bayonne, sportifs comme moi qui, pendant les vacances d'été, allaient tous travailler sur la côte basque en tant que NSC. Les basques ont un rapport à la nature, aux éléments, aux sports et à l'humain, véritablement dans le sang. Leur état d'esprit, on peut même parler de mode de vie me séduisait. Mes amis m'ont décrit leur job, partagé leurs expériences et incité à suivre leurs pas. Je me suis dit pourquoi pas, il me fallait un job pour l'été, j'ai toujours aimé la plage et l'élément eau. Enfant, je passais mes vacances scolaires chez mes grands-parents, au bord de la méditerranée. J'y pratiquais déjà le surf, le kite et la plongée.
J'aime aussi cette notion de service public associée à ce job. Être présent pour assurer la mise en sécurité des baigneurs et le cas échéant intervenir pour sauver des vies, ça a du sens. Se savoir utile, c'est gratifiant. Les gens sont reconnaissants de ce que l'on fait. Et puis, bosser, l'été, au bord de l'eau c'est quand même plutôt sympa (rires) ! Pouvoir concilier tous ces facteurs a été déterminant. J'ai fait le nécessaire pour passer les différents diplômes et postuler moi aussi. C'est ma cinquième saison et ça me plaît toujours autant. Durant trois mois, mes coéquipiers sont des cadres, des profs, des médecins, des maîtres-nageurs sauveteurs à l'année, des enfants du pays ou encore des saisonniers qui font le tour du monde pour vivre de leur passion pour l'océan … C'est un microcosme certes, mais riche de profils et de parcours aussi divers qu'intéressants. C'est agréable de côtoyer ces gens, ils ont les pieds sur terre, l'ambiance est conviviale, il y a une cohésion d'équipe et des belles valeurs. »
Peux-tu nous décrire
une saison type ?
Guillaume : « La surveillance des plages est assurée du 15 juin au 15 septembre, sauf en cas de météo vraiment mauvaise. Pour ma part, je travaille sur Anglet, la plage est surveillée de 10h à 19h. On bosse 5 jours sur sept ; pour les jours de repos, on tourne ; idem pour les pauses déjeuner d'1h30 ; on fait des roulements. Soit on fait 12h30-13h30, soit 13h30-15h.
Avant l'ouverture de la surveillance de plage, on se retrouve entre nageurs sauveteurs pour prendre connaissance de la nature des courants, des heures et coefficients des marées, de la hauteur et de la périodicité des vagues, des températures de l'eau et de l'air, des prévisions météos dont la direction et la force du vent, qu'il vienne des terres ou du large, etc. Toutes ces informations sont d'ailleurs retranscrites sur le panneau d'affichage obligatoire apposé sur ou à côté du poste de secours pour informer les baigneurs.
On prépare ensuite et mettons en place les appareils et matériels nécessaires aux interventions ; pour la réanimation, on vérifie le niveau des bouteilles d'oxygène, le bon état du masque de l'inhalateur d'air … ; pour le matériel de secourisme, on contrôle les brancards, les bouée tubes, les filins de sauvetage, le contenu des sacs de secours, …
Après s'assure de la présence ou de bonne visibilité des délimitations et balisages des zones de baignades comme des chenaux réservés aux activités de nautisme. Ces zones sont définies par arrêtés conjoints du maire et du préfet maritime. Ce sont ces grosses bouées de couleur jaune installées au large, à 300 mètres du bord de la plage. Toute la journée, on ajuste les zones de baignades en fonction de la houle, on fait attention que les baigneurs ne dérivent pas dans les zones dédiées au surf par exemple.
Enfin, on ouvre la "flamme", qui indique le début de la surveillance ; c'est-à-dire qu'on hisse sur le mât à proximité du poste de secours le drapeau qui indique, par un code couleur universel, la nature de la zone de baignade. C'est le drapeau 'vert' pour dire que la baignade est surveillée et sans danger, l'orange pour signaler que la baignade est dangereuse, mais qu'on est quand même présent et rouge pour dire qu'il est interdit de se baigner, ce peut être parce qu'il y a un orage qui arrive ou que les vagues deviennent de plus en plus imprévisibles …
La côte landaise, où j'exerce, est différente de la côte girondine plus au nord ; on se doit d'être encore plus attentif aux courants et aux vagues. En soi, le danger vient des vagues intermédiaires. Quand elles sont petites, on n'a pas trop d'inquiétude, quand elles sont grosses la baignade est clairement interdite, mais quand elles sont entre les deux, on regarde comment elles 'se cassent' sur le bord de plage, on parle de 'shore break' ; le risque est que ce type de vagues projettent subitement et brutalement les baigneurs sur le bord de plage, elles se produisent à marée haute.
On tient un registre dans lequel on indique le nombre de baigneurs, le nombre d'incidents et leurs natures.
Le soir enfin, lorsque la surveillance est terminée, on range la flamme et tout le matériel après vérification et nettoyage, on remet le poste en ordre, on ferme et on recommence le lendemain ! »
C'est un métier très physique ?
Guillaume : « Oui c'est physique et il faut avoir l'envie, l'énergie et le temps de s'investir. En ce sens, ce n'est pas un métier donné à tout le monde : toute l'année, il faut s'entraîner plusieurs fois par semaine pour maintenir son aptitude physique. Comme un athlète ou un militaire, c'est un choix de vie, une discipline que l'on s'impose quotidiennement pour rester apte. Personnellement, je ne suis pas le meilleur nageur, j'ai, parfois, plus ou moins de force que mes coéquipiers, selon les types d'intervention, mais je suis consciencieux dans ma préparation, je travaille mon cardio et mon mental pour gérer la concentration et le stress que nécessitent le métier. Non, on n'est pas sur la plage pour glander ! (rires) On doit être vigilant en permanence, prêt à intervenir à tout moment. On est en action perpétuelle. On fait des allers-retours d'un bout à l'autre bout de la plage, on marche et court dans le sable presque toute la journée en fait (rires) ! La zone de surveillance où je travaille couvre 4 kms de plage, on doit facilement faire 15 kms par jour. C'est physique certes, mais comme je le disais on travaille notre aptitude toute l'année et nos diplômes doivent être renouvelés tous les ans pour le PSE1 et PSE2, tous les 5 ans pour le BNSSA.
Après le cœur du métier consiste avant tout à faire de la prévention, c'est un métier de communication. Il faut aimer les gens, le relationnel, être social, diplomate, souriant et pédagogue, oui avoir un bon contact avec les gens, mais tout en restant concentré sur l'environnement, sur ce qui se passe autour. Quand il y a beaucoup de monde en juillet - août, il faut vraiment arriver à garder l'attention. La concentration, c'est ce qui est le plus dur en fait. »
Le métier implique d'être en bonne condition physique, d'être attentif à l'évolutions des éléments - maritimes comme météorologiques -, mais aussi d'être à l'affût des agissements des baigneurs ; tu fais aussi beaucoup de comportementalisme en fin de compte, non ? …
Guillaume : « Tout à fait, les principales causes d'incidents sont dues à des erreurs humaines : les vacanciers qui arrivent fatigués de leur voyage ou qui manquent de bonnes conditions physiques ou qui se baignent en dehors des zones dédiées … Il peut arriver aussi des hydrocutions ou des chocs thermiques : les gens s'exposent au soleil et vont se jeter dans l'eau directe, sans se mouiller préalablement les bras, le torse, la nuque … Certains locaux aussi sont pas mal ! Sous prétexte qu'il sont du pays, il n'écoutent nos mises en garde et n'en font qu'à leurs têtes.
On n'observe pas les gens pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'ils font afin d'anticiper les incidents. On guette les situations, on sait identifier les publics à risque comme les personnes âgées, qui ne sont pas forcément stables debout dans le sable, les personnes plutôt menues aussi, car on sait qu'elles ne feront pas le poids face à la force de certaines vagues, encore le fameux 'shore break' ! On est également vigilant aux parents qui équipent leurs enfants en bas âges avec de simples brassards de piscine ; ces derniers ne conviennent pas du tout pour les baignades à la plage ! Il y a ceux aussi qui s'obstinent à nager avec des palmes quand la mer est agitée ou ceux qui, dans ces mêmes conditions, s'éloignent du bord avec des matelas gonflables, pensant être en sécurité. Il arrive qu'il y ait parfois des fêtards un peu éméchés, etc. »
Est-ce que dans ce genre de situations, tu joues de ta grande taille pour intimider un peu plus les gens pour te faire respecter ?
Guillaume : « Oh non … Après, peut-être oui que ça peut calmer un peu les ardeurs de certains, mais en fait les gens voient bien qu'on est bienveillants, qu'il n'y a pas d'agressivité de notre part et puis, on n'est pas là pour réprimander et siffler à outrance toutes les cinq minutes. Les gens sont en vacances, en détente. Toutes les situations doivent être gérer avec diplomatie, à aucun moment on ne doit se mettre en danger, pour nous d'une part, ou au détriment d'une autre situation/intervention nécessaire, d'autre part. Pour nous aider à faire face à des individus ingérables, la police municipale qui patrouille sur le littoral est là pour nous épauler. C'est un travail en équipes. »
Quel est le fait le plus stressant que tu aies eu à gérer ?
Guillaume : « On est préparé mentalement à secourir quiconque, à garder notre sang froid face à un arrêt respiratoire, une noyade, etc. ; donc il n'y a pas de fait en particulier. Par-contre, je parlais de concentration précédemment et je dirais que le moment le plus compliqué à gérer dans une saison a lieu généralement après le 15 août lorsque le soleil commence à décliner pour se coucher vers 17h30 - 18h00. Le reflet du soleil dans l'océan lui donne une teinte grise et on a alors plus de difficultés à percevoir les têtes des baigneurs, à distinguer les personnes. On nomme d'ailleurs la côte aquitaine la côte d'argent. »
Qu'est-ce que tu préfères
dans ton job ?
Guillaume : « On travaille en équipe, il y a de la rigueur, de l'organisation, on se comprend par des regards, des signes discrets - il n'y a pas de code de communication officiel, non, ce sont nos propres codes, mais ça prouve la confiance qu'on se porte. Après, plus personnellement, si tu parles de missions, j'adore quand on me demande de me positionner dans les "fonds de bain" pour surveiller la zone de baignade. C'est le poste que je préfère. Les "fonds de bains" c'est quand il y a trop de courants, on se positionne dans l'eau plus loin que les derniers baigneurs pour s'assurer qu'ils n'aillent pas nager au-delà de notre présence et donc s'assurer qu'ils restent dans la zone de nage surveillée, au plus près du bord. »
Tu t'entraînes à quel rythme et à quoi ou comment ?
Guillaume : « Je vais à la piscine deux fois à trois fois par semaine pour des séances de 1h15/1h30. On fait des longueurs avec et sans palmes de sauvetages, des exercices de sauvetage comme plonger sous l'eau pour aller chercher des mannequins par exemple. On s’entraîne en fait à toutes les épreuves qui entrent en compte dans le maintien de notre BNSSA. En parallèle, je fais aussi de la préparation physique plus "généraliste" comme du gainage et de la course. Et puis toute l'année, en plus de mes entraînements avec le club de sauvetage, je fais du surf ! »
Est-ce qu'il y a un type d'exercice en entraînement ou un type d'intervention pour lequel tu as constaté peiner plus qu'une personne de taille 'standard', on va dire ? (On rappelle que tu mesures 1m95)
Guillaume : « Non … (il réfléchit) Ou alors, oui … Si, c'est vrai que j'ai déjà dû, sur certains types d'interventions, jouer un peu les contorsionnistes pour m'adapter à la taille de mes coéquipiers, me mettre à leur hauteur. C'est le cas lorsque l'on se met à trois pour porter une personne qu'on est allé secourir dans l'eau. Pour garantir son maintien le plus à l'horizontal et le plus stable possible, je me déplace généralement en fléchissant les jambes. »
Et au niveau du matériel que tu dois utiliser ?
Guillaume : (silence) « Maintenant que j'y pense c'est vrai que l'utilisation des palmes de sauvetage à l'entraînement c'est un peu galère au niveau de la pointure, j'ai les orteils un peu recroquevillés et le frottement sur le dessus des doigts de pieds, ce n'est pas très confortable. En situation réelle de sauvetage, je suis dans l'action, il faut aller vite, je n'ai pas le temps d'y penser, je fonce, mais à l'entraînement en piscine… Hum. C'est vrai que ce n'est pas forcément évident de trouver des modèles de palmes faits pour les grands. Donc si je devais nommer un inconvénient à la pratique de ce métier pour une personne très grande, je dirais que c'est certainement le seul vrai désagrément. »
Et des avantages certains à être grand ?
Guillaume : « Eh !... Je dirais qu'être grand c'est pratique pour soulever et déplacer les miradors dans le sable (rires). On a aussi un plus grand champ de vision, voir des situations de haut c'est un atout comparé aux sauveteurs petits -enfin plus petits que moi - (rires). Après les gens sont gentils. Je n'ai jamais vécu de situations désagréables, rien qui ne me mette mal à l'aise par rapport au fait que je sois grand. »
Tu es une sorte de repère sur la plage, ta présence, visible, rassure peut-être aussi ? Une stature imposante inspire plutôt confiance, non ?
Guillaume : « Peut-être qu'il y a un peu de ça, je ne sais pas, je ne me suis jamais posé la question. »
As-tu déjà eu des matins où tu n'avais pas envie d'y aller et si oui, comment tu te re-motives ?
Guillaume : « Je travaille à la plage, j'apprécie mes collègues et, surtout, je me sais utile, donc ça me motive ! »
Merci Guillaume de ton partage d'expérience.
Donc, être de grande taille et devenir nageur-sauveteur-côtier est à la portée de tout grand·e !
Guillaume : « Oui, certes la formation est payante et en continue, mais tous les étés, il y a des postes à pourvoir ! »
😉
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