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interview - portrait

© Valentin Nys

Publiée le 27 septembre 2025

Valentin Nysapnéiste indoor

Valentin Nysapnéiste indoor

Valentin Nys est un apnéiste français, l'un des meilleurs de l'hexagone.

 

Captivé par le clip musical 'Runnin' de Beyonce & Arrow Benjamin, Valentin a débuté l'apnée en 2020 et participe depuis 2022 à des compétitions indoor (en piscine). 


En juin 2025, il a remporté la Coupe de France à l'issue de cinq manches où se combinent des épreuves statiques et  dynamiques avec palmes et sans palme.

Ses records personnels à ce jour : 07 min 32 s en apnée statique, 162 m en apnée dynamique sans palmes et 200 m apnée en dynamique avec palmes.

Pour 1MÊTRE90, Valentin a accepté de se confier sur son parcours, au travers du vécu de sa grande taille : 2m05

Retour sur son enfance d'une tête de plus et sur le jour où sa motivation pour atteindre le haut niveau s'est révélée. 

Confidences également sur sa pratique de l'apnée, ses sensations et ses enseignements.

© Valentin Nys

«

Je souhaite devenir un ambassadeur reconnu de mon sport, inspirer les gens de tous niveaux, transmettre mes connaissance.

 

Cela fait partie de mon ADN.

»

© Valentin Nys

enfance

 Comment s'est passée votre enfance ? 
 Quel enfant étiez-vous ?
 


Valentin Nys : « J'étais un enfant très timide, très réservé, mais cela ne m'a jamais empêché de m'intégrer à l'école. J'ai eu une enfance normale, j'ai grandi à la campagne. 
J'ai essayé pas mal de sports, d'abord le football en primaire, puis le handball à partir du collège. En parallèle, j'ai découvert l'athlétisme en 4ème et ça a été la révélation ! Le fait de pouvoir me confronter à moi-même sur plusieurs disciplines a tout de suite attiré mon attention. Mes disciplines favorites étaient le saut en hauteur et le 110 m de haies et je me suis essayé au décathlon. Je suis également rapidement devenu entraîneur pour les catégories jeunes dès mon adolescence. D'une manière générale, j'ai toujours aimé être au service du collectif. »

 

 

 Quels étaient vos rêves d'enfant ? 

Valentin Nys : « J'étais un passionné d'astronomie et avais en tête d'exercer un jour un métier dans ce domaine. Au collège et lycée, j'avais une vraie appétence pour les maths et les sciences. Après le BAC, j'ai choisi de suivre un cursus général, Math Sup. / Math Spé., avec l'idée que j'aurais toujours la possibilité de me réorienter à un moment ou un autre vers une branche où mes passions me mèneraient. À 18 ans, j'ai eu mon premier télescope avec lequel je me suis vite mis à faire de l'astrophotographie et donc du traitement d'images. C'est d'ailleurs cette pratique qui a été le moteur de mon orientation pro. Après la prépa, j'ai finalement choisi une école d'ingénieur spécialisée dans les domaines de la physique dans laquelle j'ai suivi une option dans l'ingénierie informatique et le traitement du signal, qui m'a conduit à apprendre à coder. Puis je me suis spécialisé en développement logiciel. Aujourd'hui, mon métier principal c'est la programmation informatique, et ma passion, c'est être un athlète de haut niveau. »

 

 Enfant, la grande taille était-elle un sujet de conversation 
 en famille ? Vous mesurez 2m05 aujourd'hui. 
 Comment s'est déroulée votre croissance ? 


Valentin Nys : « Enfant, on me répétait que j'étais le portrait craché de mon grand-père qui mesurait plus de 2m00, mon père mesure 1m96, ma mère 1m84. J'ai un frère de 2m00 et une sœur d'1m89. Inconsciemment, on peut dire que j'étais préparé à être plus grand que la moyenne puisque toute ma famille est grande. Mais ce n'était pas un sujet à la maison, c'était normal. La grande taille est finalement surprenante pour les autres, en dehors du cercle familial. Concernant ma croissance, je n'ai jamais eu de vraies douleurs, mais il arrivait que je ressente une gêne au niveau des genoux, ça me tiraillait un peu mais cela n'a jamais été handicapant. Le plus surprenant ce sont les vergetures que j'ai au niveau de toute la surface de mon dos. De prime abord ça peut faire peur mais ça ne m'a jamais fait mal. Les marqueurs de ma croissance sont gravés à vie sur mon corps. » (sourire) 

 

 Comment s'est passée votre enfance ? 
 Quel enfant étiez-vous ?
 


Valentin Nys : « J'étais un enfant très timide, très réservé, mais cela ne m'a jamais empêché de m'intégrer à l'école. J'ai eu une enfance normale, j'ai grandi à la campagne. 
J'ai essayé pas mal de sports, d'abord le football en primaire, puis le handball à partir du collège. En parallèle, j'ai découvert l'athlétisme en 4ème et ça a été la révélation ! Le fait de pouvoir me confronter à moi-même sur plusieurs disciplines a tout de suite attiré mon attention. Mes disciplines favorites étaient le saut en hauteur et le 110 m de haies et je me suis essayé au décathlon. Je suis également rapidement devenu entraîneur pour les catégories jeunes dès mon adolescence. D'une manière générale, j'ai toujours aimé être au service du collectif. »

 

 

 Quels étaient vos rêves d'enfant ? 

Valentin Nys : « J'étais un passionné d'astronomie et avais en tête d'exercer un jour un métier dans ce domaine. Au collège et lycée, j'avais une vraie appétence pour les maths et les sciences. Après le BAC, j'ai choisi de suivre un cursus général, Math Sup. / Math Spé., avec l'idée que j'aurais toujours la possibilité de me réorienter à un moment ou un autre vers une branche où mes passions me mèneraient. À 18 ans, j'ai eu mon premier télescope avec lequel je me suis vite mis à faire de l'astrophotographie et donc du traitement d'images. C'est d'ailleurs cette pratique qui a été le moteur de mon orientation pro. Après la prépa, j'ai finalement choisi une école d'ingénieur spécialisée dans les domaines de la physique dans laquelle j'ai suivi une option dans l'ingénierie informatique et le traitement du signal, qui m'a conduit à apprendre à coder. Puis je me suis spécialisé en développement logiciel. Aujourd'hui, mon métier principal c'est la programmation informatique, et ma passion, c'est être un athlète de haut niveau. »

 

 Enfant, la grande taille était-elle un sujet 
 de conversation en famille ? 
 Vous mesurez 2m05 aujourd'hui.
 Comment s'est déroulée votre croissance ? 


Valentin Nys : « Enfant, on me répétait que j'étais le portrait craché de mon grand-père qui mesurait plus de 2m00, mon père mesure 1m96, ma mère 1m84. J'ai un frère de 2m00 et une sœur d'1m89. Inconsciemment, on peut dire que j'étais préparé à être plus grand que la moyenne puisque toute ma famille est grande. Mais ce n'était pas un sujet à la maison, c'était normal. La grande taille est finalement surprenante pour les autres, en dehors du cercle familial. Concernant ma croissance, je n'ai jamais eu de vraies douleurs, mais il arrivait que je ressente une gêne au niveau des genoux, ça me tiraillait un peu mais cela n'a jamais été handicapant. Le plus surprenant ce sont les vergetures que j'ai au niveau de toute la surface de mon dos. De prime abord ça peut faire peur mais ça ne m'a jamais fait mal. Les marqueurs de ma croissance sont gravés à vie sur mon corps. » (sourire)

 vocation

©  Laura Juanmarti

vocation

 Comment s'est passée votre rencontre avec l'apnée ? 

Valentin Nys : «  Je me souviens être tombé par hasard sur le clip "Runnin" (Lose It All) de Beyonce et Arrow Benjamin. C'était en 2015, j'ai été fasciné par l'environnement, le décor du clip, tourné dans des conditions réelles. Cela a éveillé ma curiosité et mon envie d'essayer. Quand on est enfant, à la piscine, on s'amuse déjà - sans s'en rendre compte - à nager sous l'eau, en apnée. Mais, moi, mon élément a longtemps été les pistes d'athlétisme. J'ai attendu fin 2019, à l'approche de mes 30 ans, pour m'inscrire dans un club d'apnée. En 2020, la période Covid a marqué un stop dans les entraînements en piscine. Cela m'a laissé du temps pour m'entraîner "à sec", comme le font beaucoup d'athlète dans ce sport. Concrètement, je faisais des exercices d'apnée depuis mon canapé ! À m'exercer, j'ai pris conscience de mon potentiel. Mes chronos se sont mis à dépasser les quatre minutes, puis les cinq … Sorti du confinement, j'ai pris la décision de m'entraîner sérieusement pour atteindre le haut niveau. » 

 

 Comment avez-vous débuté votre apprentissage de l'apnée ? 

Valentin Nys : « Lors de mes débuts en club, j'ai commencé par faire du dynamique avec palmes, masque et tuba et, de temps en temps, je réalisais des échauffements avec le groupe en statique. C'est d'ailleurs une difficulté personnelle de faire un choix entre le statique et le dynamique ! (rires) Je fonctionne par période. J'aime alterner et pouvoir progresser dans une discipline quand je stagne dans une autre. Je m'autorise le choix de ne pas faire de choix ! (rires) Cela fait partie de mon équilibre de vie : se laisser toujours des opportunités. Cela me permet aussi de garder la motivation. Après dans le haut niveau, beaucoup d'athlètes font un choix entre les disciplines car l'approche de l'entrainement diffère légèrement. Pour ma part, l'apnée doit rester malgré tout un sport-passion, même si, comme tout sport de haut niveau, cela demande de la rigueur et une organisation au quotidien pour s'entraîner. Mais au final, ce sont ces efforts et ces sacrifices qui me permettent de repousser mes limites et donc à aimer mon sport … »   (sourire)


 Avez-vous expérimenté l'apnée 
 dans d'autres environnements que celui des piscines ?
 


Valentin Nys : « Oui je pratique de temps en temps l'apnée verticale en fosse de 20m et j'ai eu quelques occasions de pratiquer en milieu naturel mais à chaque fois avec les sinus bouchés (rires). Globalement je suis encore pas mal limité par la compensation, c'est un travail à part entière à faire dans le domaine de la profondeur. C'est une discipline qui fait rêver, j'aimerais l'explorer plus mais ça demande du temps, de l'investissement et un accès à une structure, ce que je n'ai pas à l'heure actuelle. » 


 La grande taille est-elle plus un avantage ou un inconvénient 

 pour pratiquer l'apnée ? 

Valentin Nys : « D'un point de vue physique, on pourrait facilement penser qu'avoir de grands poumons serait un atout. En réalité, la réussite dépend plus de comment notre propre corps parvient à gérer sa consommation d'air. Une femme de petite taille, donc avec de petits poumons, peut faire de très grande apnée. À ma connaissance, rien ne prouve que la grande taille soit un avantage à haut niveau. Au-delà des prédispositions, ce qui prime c'est la technique, le travail, la rigueur, etc.
Niveau matériel, j'ai un gabarit qui me permet de trouver facilement. Je chausse du 45 et fait du XL ce qui reste standard. Le seul souci au niveau des combinaisons est que les manches et les jambes sont un peu courtes en général ; je dois passer par du sur-mesure. La combinaison est un élément important car elle joue un rôle à la fois hydrodynamique pour augmenter la glisse et d'apport thermique pour compenser la déperdition de chaleur dans l'eau. Enfin, pour rester en flottabilité neutre sous l'eau, j'utilise un plomb de cou. Et là ma taille et mon grand volume pulmonaire m'oblige à m'équiper d'un lest de plus de 9kg. Le plus lourd à ma connaissance parmi les athlètes que j'ai croisés. Cela surprend régulièrement les autres compétiteurs et juges en me voyant arriver avec une sorte de seconde colonne vertébrale. C'est plutôt un fardeau pour moi ! »  (rires)

 

 Quels sont vos rythmes et méthodologies d'entraînement ? 

Valentin Nys : « C'est souvent assez compliqué de jongler entre le quotidien pro et le sport de haut niveau. J'ai deux entraînements par semaine en piscine pour pratiquer l'apnée, à raison d'une séance de 45 minutes, et une seconde d'1 heure 15 ; c'est trop peu. À côté, je fais toujours de la course à pied pour travailler l'aérobie. Je dois travailler également le gainage, la musculation, ma flexibilité au niveau des épaules. Il faut trouver le bon équilibre, les bons compromis en tout.
Pour compléter le peu d'entraînement dans l'eau, je réalise des séances à sec, à la maison ; que ce soit en statique ou sur mon vélo d'appartement pour faire du vélo-apnée et ainsi travailler les disciplines dynamiques.
Je ne suis pas de régime alimentaire particulier. Pour mon bien être mental, je ne me contrains pas du tout. Je ne suis pas toujours sérieux mais je me dis que ça me laisse une marge de progression (rires) !
J'ajouterais que j'ai progressé en comptant beaucoup sur moi-même. C'est-à-dire que dans les clubs, il est rare de croiser un entraîneur qui connaisse le haut niveau, on côtoie plus des initiateurs qui enseignent les bases de l'apnée dans une approche "loisir", ce qui est très bien, mais on n'est pas forcément encouragés à repousser nos limites. L'accident fait peur. Pour ma part j'ai beaucoup regardé des compétitions sur Internet, et me suis nourri des expériences des meilleurs athlètes partagées sur leurs réseaux sociaux. Cela m'a permis de progresser petit à petit. » 

 

 Pouvez-vous nous décrire les sensations ? 

Valentin Nys : « En pratiquant l'apnée, on va chercher à s'approcher des seuils physiologiques, à retrouver ses instincts primaires, se relâcher et se recentrer sur soi-même. Pour commencer, il n'y a pas d'âge, mais il faut avoir déjà une certaine maturité. Pour ce qui est des sensations, l'apnée s'aborde d'abord par une phase très agréable de plénitude, puis, le corps étant bien fait, il nous envoie des signaux d'envie de respirer avant que l'on soit dans l'incapacité de ne plus le faire. En général les gens arrêtent leur apnée à ce moment-là. Pour ce qui est de repousser ses limites, ça devient plus complexe. Lutter contre l'envie de respirer provoque une sensation d'inconfort assez désagréable contre laquelle on lutte, puis viennent les spasmes au niveau du diaphragme qui s'intensifient et qui sont dus à l'augmentation de la concentration en CO2 dans le corps. Enfin l'hypoxie (le manque d'oxygène dans le corps) s'installe et d'autres sensations plus agréables redonnent de la motivation. Il faut rester conscient et savoir déterminer le moment où reprendre ses premières respirations. » 

 

 Entraînement ou compétition, les deux nécessitent 
 d'être à 100% dans l'instant. 
 Y-a-t 'il un stress plus présent selon le contexte ? 

 

Valentin Nys : « Cela peut surprendre, mais le stress est beaucoup plus présent lors des entraînements car les infrastructures et les conditions ne s'y prêtent pas toujours. Il arrive très souvent de devoir partager la ligne d'eau avec une d'autres nageurs. L'apnée est une discipline qui nécessite d'être très centré sur soi. Trouver la concentration nécessaire devient plus difficile, amorcer un virage quand il y a plein de gens, c'est compliqué, etc.
Lors des compétitions, les piscines sont privatisées pour l'occasion, l'ambiance est propice à la concentration. L'apnée n'est pas un sport très télégénique, donc peu populaire. Les applaudissements, c'est au moment où l'on ressort de l'eau ! Ensuite, pour gérer la pression, je me base sur mes certitudes. Pendant l'apnée, je suis à l'écoute de mes sensations, focalise mon attention sur mes mouvements et l'instant présent, je regarde le défilement des carreaux de la piscine. Les pensées sont le moteur de notre apnée. Si on a des pensées parasites, on sait qu'on n'ira pas très loin. » 

 

 

 Et comment gérez-vous la pression de la concurrence ? 


Valentin Nys : « L'apnée est un sport plutôt fair-play, il n'y a aucune déstabilisation d'athlète à athlète, on passe chacun notre tour. Si on veut jouer le jeu du coup de pression, il faut passer dans les premiers et sortir une grosse performance. C'est d’ailleurs pour cela que certains ne veulent surtout pas regarder les résultats des autres avant leur passage et se concentrent uniquement sur leur propre performance. 
Après, il y a deux aspects contradictoires dans le vécu de ce sport : il y a d'un côté la quête de la performance personnelle, où l'on se dit peu importe la place que l'on décrochera sur le podium, l'objectif est de vivre une progression, une sensation que l'on sait, sera agréable au final. Et d'un autre côté, il y a le fait de vouloir malgré tout jouer une place sur le podium et cela amène une pression conséquente. J'ai d'ailleurs déjà vécu l'expérience de rater un podium à cause de cette pression. » 

 Comment s'est passée votre rencontre 
 avec l'apnée ? 


Valentin Nys : « Je me souviens être tombé par hasard sur le clip "Runnin" (Lose It All) de Beyonce et Arrow Benjamin. C'était en 2015, j'ai été fasciné par l'environnement, le décor du clip, tourné dans des conditions réelles. Cela a éveillé ma curiosité et mon envie d'essayer. Quand on est enfant, à la piscine, on s'amuse déjà - sans s'en rendre compte - à nager sous l'eau, en apnée. Mais, moi, mon élément a longtemps été les pistes d'athlétisme. J'ai attendu fin 2019, à l'approche de mes 30 ans, pour m'inscrire dans un club d'apnée. En 2020, la période Covid a marqué un stop dans les entraînements en piscine. Cela m'a laissé du temps pour m'entraîner "à sec", comme le font beaucoup d'athlète dans ce sport. Concrètement, je faisais des exercices d'apnée depuis mon canapé ! À m'exercer, j'ai pris conscience de mon potentiel. Mes chronos se sont mis à dépasser les quatre minutes, puis les cinq … Sorti du confinement, j'ai pris la décision de m'entraîner sérieusement pour atteindre le haut niveau. » 

 

 Comment avez-vous débuté votre apprentissage 
 de l'apnée ? 


Valentin Nys : « Lors de mes débuts en club, j'ai commencé par faire du dynamique avec palmes, masque et tuba et, de temps en temps, je réalisais des échauffements avec le groupe en statique. C'est d'ailleurs une difficulté personnelle de faire un choix entre le statique et le dynamique ! (rires) Je fonctionne par période. J'aime alterner et pouvoir progresser dans une discipline quand je stagne dans une autre. Je m'autorise le choix de ne pas faire de choix ! (rires) Cela fait partie de mon équilibre de vie : se laisser toujours des opportunités. Cela me permet aussi de garder la motivation. Après dans le haut niveau, beaucoup d'athlètes font un choix entre les disciplines car l'approche de l'entrainement diffère légèrement. Pour ma part, l'apnée doit rester malgré tout un sport-passion, même si, comme tout sport de haut niveau, cela demande de la rigueur et une organisation au quotidien pour s'entraîner. Mais au final, ce sont ces efforts et ces sacrifices qui me permettent de repousser mes limites et donc à aimer mon sport … »   (sourire)

 Avez-vous expérimenté l'apnée dans d'autres   environnements que celui des piscines ? 

Valentin Nys : « Oui je pratique de temps en temps l'apnée verticale en fosse de 20m et j'ai eu quelques occasions de pratiquer en milieu naturel mais à chaque fois avec les sinus bouchés (rires). Globalement je suis encore pas mal limité par la compensation, c'est un travail à part entière à faire dans le domaine de la profondeur. C'est une discipline qui fait rêver, j'aimerais l'explorer plus mais ça demande du temps, de l'investissement et un accès à une structure, ce que je n'ai pas à l'heure actuelle. » 

 La grande taille est-elle plus un avantage 
 ou un inconvénient pour pratiquer l'apnée ? 


Valentin Nys : « D'un point de vue physique, on pourrait facilement penser qu'avoir de grands poumons serait un atout. En réalité, la réussite dépend plus de comment notre propre corps parvient à gérer sa consommation d'air. Une femme de petite taille, donc avec de petits poumons, peut faire de très grande apnée. À ma connaissance, rien ne prouve que la grande taille soit un avantage à haut niveau. Au-delà des prédispositions, ce qui prime c'est la technique, le travail, la rigueur, etc.
Niveau matériel, j'ai un gabarit qui me permet de trouver facilement. Je chausse du 45 et fait du XL ce qui reste standard. Le seul souci au niveau des combinaisons est que les manches et les jambes sont un peu courtes en général ; je dois passer par du sur-mesure. La combinaison est un élément important car elle joue un rôle à la fois hydrodynamique pour augmenter la glisse et d'apport thermique pour compenser la déperdition de chaleur dans l'eau. Enfin, pour rester en flottabilité neutre sous l'eau, j'utilise un plomb de cou. Et là ma taille et mon grand volume pulmonaire m'oblige à m'équiper d'un lest de plus de 9kg. Le plus lourd à ma connaissance parmi les athlètes que j'ai croisés. Cela surprend régulièrement les autres compétiteurs et juges en me voyant arriver avec une sorte de seconde colonne vertébrale. C'est plutôt un fardeau pour moi ! »  (rires) 

 

 Quels sont vos rythmes et méthodologies   d'entraînement ? 

Valentin Nys : « C'est souvent assez compliqué de jongler entre le quotidien pro et le sport de haut niveau. J'ai deux entraînements par semaine en piscine pour pratiquer l'apnée, à raison d'une séance de 45 minutes, et une seconde d'1 heure 15 ; c'est trop peu. À côté, je fais toujours de la course à pied pour travailler l'aérobie. Je dois travailler également le gainage, la musculation, ma flexibilité au niveau des épaules. Il faut trouver le bon équilibre, les bons compromis en tout.
Pour compléter le peu d'entraînement dans l'eau, je réalise des séances à sec, à la maison ; que ce soit en statique ou sur mon vélo d'appartement pour faire du vélo-apnée et ainsi travailler les disciplines dynamiques.
Je ne suis pas de régime alimentaire particulier. Pour mon bien être mental, je ne me contrains pas du tout. Je ne suis pas toujours sérieux mais je me dis que ça me laisse une marge de progression (rires) !
J'ajouterais que j'ai progressé en comptant beaucoup sur moi-même. C'est-à-dire que dans les clubs, il est rare de croiser un entraîneur qui connaisse le haut niveau, on côtoie plus des initiateurs qui enseignent les bases de l'apnée dans une approche "loisir", ce qui est très bien, mais on n'est pas forcément encouragés à repousser nos limites. L'accident fait peur. Pour ma part j'ai beaucoup regardé des compétitions sur Internet, et me suis nourri des expériences des meilleurs athlètes partagées sur leurs réseaux sociaux. Cela m'a permis de progresser petit à petit. » 

 

 Pouvez-vous nous décrire les sensations ? 

Valentin Nys : « En pratiquant l'apnée, on va chercher à s'approcher des seuils physiologiques, à retrouver ses instincts primaires, se relâcher et se recentrer sur soi-même. Pour commencer, il n'y a pas d'âge, mais il faut avoir déjà une certaine maturité. Pour ce qui est des sensations, l'apnée s'aborde d'abord par une phase très agréable de plénitude, puis, le corps étant bien fait, il nous envoie des signaux d'envie de respirer avant que l'on soit dans l'incapacité de ne plus le faire. En général les gens arrêtent leur apnée à ce moment-là. Pour ce qui est de repousser ses limites, ça devient plus complexe. Lutter contre l'envie de respirer provoque une sensation d'inconfort assez désagréable contre laquelle on lutte, puis viennent les spasmes au niveau du diaphragme qui s'intensifient et qui sont dus à l'augmentation de la concentration en CO2 dans le corps. Enfin l'hypoxie (le manque d'oxygène dans le corps) s'installe et d'autres sensations plus agréables redonnent de la motivation. Il faut rester conscient et savoir déterminer le moment où reprendre ses premières respirations. » 

 

 Entraînement ou compétition, les deux   nécessitent d'être à 100% dans l'instant. 
 Y-a-t 'il un stress plus présent 
 selon le contexte ?

 

Valentin Nys : « Cela peut surprendre, mais le stress est beaucoup plus présent lors des entraînements car les infrastructures et les conditions ne s'y prêtent pas toujours. Il arrive très souvent de devoir partager la ligne d'eau avec une d'autres nageurs. L'apnée est une discipline qui nécessite d'être très centré sur soi. Trouver la concentration nécessaire devient plus difficile, amorcer un virage quand il y a plein de gens, c'est compliqué, etc.
Lors des compétitions, les piscines sont privatisées pour l'occasion, l'ambiance est propice à la concentration. L'apnée n'est pas un sport très télégénique, donc peu populaire. Les applaudissements, c'est au moment où l'on ressort de l'eau ! Ensuite, pour gérer la pression, je me base sur mes certitudes. Pendant l'apnée, je suis à l'écoute de mes sensations, focalise mon attention sur mes mouvements et l'instant présent, je regarde le défilement des carreaux de la piscine. Les pensées sont le moteur de notre apnée. Si on a des pensées parasites, on sait qu'on n'ira pas très loin. » 

 

 Et comment gérez-vous la pression 
 de la concurrence ? 


Valentin Nys : « L'apnée est un sport plutôt fair-play, il n'y a aucune déstabilisation d'athlète à athlète, on passe chacun notre tour. Si on veut jouer le jeu du coup de pression, il faut passer dans les premiers et sortir une grosse performance. C'est d’ailleurs pour cela que certains ne veulent surtout pas regarder les résultats des autres avant leur passage et se concentrent uniquement sur leur propre performance. 
Après, il y a deux aspects contradictoires dans le vécu de ce sport : il y a d'un côté la quête de la performance personnelle, où l'on se dit peu importe la place que l'on décrochera sur le podium, l'objectif est de vivre une progression, une sensation que l'on sait, sera agréable au final. Et d'un autre côté, il y a le fait de vouloir malgré tout jouer une place sur le podium et cela amène une pression conséquente. J'ai d'ailleurs déjà vécu l'expérience de rater un podium à cause de cette pression. » 

© Guillaume Bourdila

fierté 

 Auriez-vous un sentiment de fierté ou un sentiment   d'accomplissement à nous partager ?… 

 Un regard à porter sur votre parcours ? 

Valentin Nys : « Je suis tombé amoureux de l'apnée et la pratiquer m'a aidé dans de nombreuses étapes de ma vie, d'un point de vue mental, sur la capacité à faire preuve d'introspection… ça m'a aidé aussi à savoir m'affirmer. J'ai su en tirer un apprentissage positif.
Alors si je dois évoquer un sentiment de fierté ou plutôt évoquer un moment qui m'a vraiment marqué, je dirais que c'est en février 2022 : ma toute première compétition.

Je m'étais, par curiosité, présenté à une compétition d'apnée régionale sans aucun enjeu de qualification derrière, pour vivre l'expérience. Et j'ai fini premier dans les quatre disciplines auxquelles je me suis engagé.

J'ai pleinement ressenti ma performance sous l'eau et perçu la marge de progression. Je me suis alors intéressé et impliqué davantage à atteindre l'objectif de participer à un premier Championnat de France. J'y suis parvenu lors de ma seconde compétition. Plus tard à l'automne 2022, ma participation à la Coupe de Belgique m'a également conforté dans l'idée de pouvoir évoluer vers le haut niveau en me qualifiant à un Championnat du monde. Chose que j'ai accompli dès 2023. Cette année-là, j'ai également obtenu un titre de Vice-Champion de France ! Je ne l'aurais jamais imaginé lorsque j'ai débuté ce sport. » 

© Valentin Nys

en off

  Auriez-vous un sentiment de fierté 
 ou un sentiment d'accomplissement 
 à nous partager ?… 

 Un regard à porter sur votre parcours ?

Valentin Nys : « Je suis tombé amoureux de l'apnée et la pratiquer m'a aidé dans de nombreuses étapes de ma vie, d'un point de vue mental, sur la capacité à faire preuve d'introspection… ça m'a aidé aussi à savoir m'affirmer. J'ai su en tirer un apprentissage positif.

Alors si je dois évoquer un sentiment de fierté ou plutôt évoquer un moment qui m'a vraiment marqué, je dirais que c'est en février 2022 : ma toute première compétition.

Je m'étais, par curiosité, présenté à une compétition d'apnée régionale sans aucun enjeu de qualification derrière, pour vivre l'expérience. Et j'ai fini premier dans les quatre disciplines auxquelles je me suis engagé.

J'ai pleinement ressenti ma performance sous l'eau et perçu la marge de progression. Je me suis alors intéressé et impliqué davantage à atteindre l'objectif de participer à un premier Championnat de France. J'y suis parvenu lors de ma seconde compétition. Plus tard à l'automne 2022, ma participation à la Coupe de Belgique m'a également conforté dans l'idée de pouvoir évoluer vers le haut niveau en me qualifiant à un Championnat du monde. Chose que j'ai accompli dès 2023. Cette année-là, j'ai également obtenu un titre de Vice-Champion de France ! Je ne l'aurais jamais imaginé lorsque j'ai débuté ce sport. » 

 Le haut niveau vous amène à voyager, notamment à l'étranger. 
 Avez-vous des anecdotes à nous partager 

 par rapport au vécu de votre taille ? 

Valentin Nys : (il réfléchit) « Concernant le regard que les gens peuvent porter sur ma taille, je n'ai pas de souvenir de regard différent que ceux que je peux avoir en France. Après, je suis vraiment très discret dans la vie. C'est d'ailleurs un paradoxe assez étrange que je vis depuis mon enfance : je passe souvent inaperçu (rires) ! Il m'est souvent arrivé d'être présent dans un groupe de personnes et que les gens, au moment où ils se retournent, soient surpris que je sois là également. Des : "Ah tiens, t'es là ?", j'en ai souvent entendu.
Je pense que l'acceptation de la grande taille dépend aussi de comment on se perçoit nous-même en société. Et la plupart des gens ne sont pas forcément bienveillants envers eux-mêmes. C'est d'abord un travail personnel à réaliser.
Mais sinon, sans parler de l'étranger, je pourrais évoquer tous les trucs du quotidien : le passage des portes, les lits trop courts, les meubles trop bas… Après on trouve toujours. Pour travailler, j'ai un écran et un bureau surélevés, j'ai toujours su m'adapter.
Le principal problème pour moi reste quand même les transports, et notamment vis-à-vis des compagnies aériennes qui imposent des surcoûts pour avoir de l'espace pour les jambes ! Il faut comprendre que je ne peux m'asseoir sur un siège standard car mes genoux touchent le siège en face, voire dépassent de l'espace. Allez supporter ça pendant des vols de plus de 10 heures... Si j'avais le pouvoir de faire évoluer les choses, j'aimerais bien changer les mentalités dans les transports en les rendant plus inclusifs. Et cela ne concerne pas que les grands ! » 


 Quels sont vos prochains objectifs ? 

Valentin Nys : « La saison reprend pour moi avec la première manche de Coupe de France en novembre. Ensuite, le cœur de la saison se joue de janvier à juin. 

En 2025, j'ai décroché la médaille d'or en combiné lors de la Coupe de France. J'aimerais réitérer la performance mais, pour des raisons personnelles, cela risque d'être plus difficile cette année. Il faut pouvoir se déplacer dans toute la France, cela demande un investissement personnel et financier aussi bien pour moi que pour ma compagne qui me suit et me coache pendant ces compétitions. Ce n'est pas toujours compatible avec nos vies pros et persos mais je vais quand même essayer de faire deux manches de Coupe de France pour me classer.
Au-delà de ça, j'aimerais atteindre 8 minutes en apnée statique et atteindre le podium du Championnat de France ; puis me qualifier pour le prochain Championnat du Monde.

Sur le long terme, je souhaite devenir un ambassadeur reconnu de mon sport, inspirer les gens de tous niveaux, transmettre mes connaissances. Cela fait partie de mon ADN.

Je tiens d'ailleurs à vous remercier de mettre en lumière ce sport par le biais de mon parcours et plus globalement d'inspirer d'autres personnes de grandes tailles à réaliser leurs rêves. »

 Le haut niveau vous amène à voyager,  notamment à l'étranger. 

 Avez-vous des anecdotes à nous partager par rapport au vécu de votre taille ? 

Valentin Nys : (il réfléchit)  «  Concernant le regard que les gens peuvent porter sur ma taille, je n'ai pas de souvenir de regard différent que ceux que je peux avoir en France. Après, je suis vraiment très discret dans la vie. C'est d'ailleurs un paradoxe assez étrange que je vis depuis mon enfance : je passe souvent inaperçu (rires) ! Il m'est souvent arrivé d'être présent dans un groupe de personnes et que les gens, au moment où ils se retournent, soient surpris que je sois là également. Des : "Ah tiens, t'es là ?", j'en ai souvent entendu.
Je pense que l'acceptation de la grande taille dépend aussi de comment on se perçoit nous-même en société. Et la plupart des gens ne sont pas forcément bienveillants envers eux-mêmes. C'est d'abord un travail personnel à réaliser.
Mais sinon, sans parler de l'étranger, je pourrais évoquer tous les trucs du quotidien : le passage des portes, les lits trop courts, les meubles trop bas… Après on trouve toujours. Pour travailler, j'ai un écran et un bureau surélevés, j'ai toujours su m'adapter.
Le principal problème pour moi reste quand même les transports, et notamment vis-à-vis des compagnies aériennes qui imposent des surcoûts pour avoir de l'espace pour les jambes ! Il faut comprendre que je ne peux m'asseoir sur un siège standard car mes genoux touchent le siège en face, voire dépassent de l'espace. Allez supporter ça pendant des vols de plus de 10 heures ... Si j'avais le pouvoir de faire évoluer les choses, j'aimerais bien changer les mentalités dans les transports en les rendant plus inclusifs. Et cela ne concerne pas que les grands ! » 


 Quels sont vos prochains objectifs ? 

Valentin Nys : « La saison reprend pour moi avec la première manche de Coupe de France en novembre. Ensuite, le cœur de la saison se joue de janvier à juin. 

En 2025, j'ai décroché la médaille d'or en combiné lors de la Coupe de France. J'aimerais réitérer la performance mais, pour des raisons personnelles, cela risque d'être plus difficile cette année. Il faut pouvoir se déplacer dans toute la France, cela demande un investissement personnel et financier aussi bien pour moi que pour ma compagne qui me suit et me coache pendant ces compétitions. Ce n'est pas toujours compatible avec nos vies pros et persos mais je vais quand même essayer de faire deux manches de Coupe de France pour me classer.
Au-delà de ça, j'aimerais atteindre 8 minutes en apnée statique et atteindre le podium du Championnat de France ; puis me qualifier pour le prochain Championnat du Monde.

Sur le long terme, je souhaite devenir un ambassadeur reconnu de mon sport, inspirer les gens de tous niveaux, transmettre mes connaissances. Cela fait partie de mon ADN.

Je tiens d'ailleurs à vous remercier de mettre en lumière ce sport par le biais de mon parcours et plus globalement d'inspirer d'autres personnes de grandes tailles à réaliser leurs rêves. »

actualité

1MÊTRE90 suit de près l'actualité de Valentin Nys et tient régulièrement à jour les informations de sa page dédiée à son parcours et palmarès : 

Valentin publie ses moments de vie professionnelle et parfois perso sur son compte Instagram qu'1MÊTRE90 vous invite à suivre ! 

 remerciements 

1MÊTRE90 remercie Valentin d'avoir accepté cette interview et confié ses propores photographies pour l'illustrer, ainsi que celles de :

© Luke Coley lukecoley
© Denys Rylov  denys.rylov
© Laura Juanmarti  Thewatercyclexperience
© Guillaume Bourdila  @guillaumebourdila

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